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Conte poétique empli de personnages truculents, réflexion sur la nostalgie qui tient les sentiments en vie, Le Pourri est un chemin d’amitié en pente raide. Un homme va se trouver, l’autre se perdre. Les deux gagnent la lumière. Professeur retraité, et retiré dans ses montagnes après avoir connu une gloire urbaine, Jean Vialat part un beau matin vers sa montagne fétiche, le Pourri. L’État, qui sait que ce contestataire présumé est aimé du peuple, dépêche un militaire pour veiller sur sa sécurité. Très vite, le jeune capitaine Efflisch, cornac involontaire de cette course qui le dépasse, va s’attacher au vieux poète. Il tombe en amitié, à mesure que le sommet se rapproche et que Jean, retrouvant les fantômes de sa jeunesse, lui parle de la fin. Au petit matin, les deux hommes étaient repartis. Vialat lançait souvent un regard en arrière, pour s’assurer que les poursuivants avaient bien pris le mauvais chemin. Ne voyant personne, et entendant par instants des voix venues d’une autre crête, il était rassuré. Jeannot calculait que pour les retrouver à présent, même les meilleurs alpinistes devaient redescendre pendant des heures et remonter pendant de plus longues heures encore. Il donnait donc une cadence particulièrement lente à ce début de journée. Après quelque temps, il s’assit sans même prévenir Efflisch. Celui-ci, qui avait pris de l’avance, revint en trombe s’asseoir à ses côtés, s’inquiétant de son visage assombri par une raison inconnue. (...) « C’est beau, non ? Amenez ici un sénateur, un criminel, un garagiste, laissez-les quelques heures au bord d’un névé et ils se rapprocheront. »