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Le packraft des Engagés balloté par l’océan

Nous montrons que les aventures extrêmes ne sont pas inaccessibles. Pour cela, il faut d’abord oser, ensuite s’engager et enfin, construire l’équipe.  

Après une première expédition polaire réussie au Groenland puis une ascension de l’Aconcagua, les Engagés se préparent pour leur prochain défi polaire.

Atteindre le Cap Nord en autonomie totale en partant du Nord de la Finlande. Départ le 27 décembre 2019. A cette période de l’année, il fera une nuit totale et glaciale, ponctuée d’aurores boréales. Pas un seul rayon de soleil pendant trois semaines et des températures qui oscillent entre -15°C et -40°C.

Une expédition polaire, nocturne et surtout.. amphibie.

En effet, nous devrons dans un premier temps nous orienter de nuit, à travers les plaines enneigées et les forêts, les montagnes, les lacs et les fleuves. Puis, au terme d’un périple de 200km nous atteindrons la mer. C’est alors que les choses vont se corser.

Pour rallier ce point le plus au Nord de l’Europe il nous faudra traverser un ultime bras de mer, avec nos 60kg de matériel par personne. Pour surmonter ce défi, nous avons choisi de compter sur nos packraft.

Une première prise en main cet été avait répondu à autant de questions qu’elle en avait soulevé. Nous avions alors décidé de pousser plus loin la logique de test en optant pour un environnement représentatif : un raid nocturne sur la Loire.

Et pourtant, nous avions toujours des interrogations majeures :

  1. Quelle est la meilleure formation pour naviguer en sureté ?
  2. Comment éviter cette eau qui ruisselle le long de nos bras et nous gèlera les membres en Laponie ?
  3. Nos traineaux, chargés de 60kg de matériel, flotteront ils ? Seront-ils stables ? Agiront-ils au contraire comme une ancre pour nos packraft ?

Nous sommes résolus à obtenir des réponses. Et les conditions météorologiques vont nous y aider..

Nuit #1 : en douceur

Nous levons le camp à 23h pour une carrière inondée par la mer. L’endroit est digne d’un décor de cinéma. Une eau sombre et dormante enserrée par de hauts contreforts abrupts et verticaux. Au-dessus, la nuit, les nuages et la lune, qui baigne la carrière de son halo de lumière. Nous nous sentons petits.

Une fois ce moment de poésie passé, nous revenons aux choses concrètes. Nos trois pack rafts (un Anfibio Delta MX et deux MRS Adventure X2) sont gonflés et illuminés. Face à l’eau, nous sommes déjà en ordre de bataille.

Nous arrimons la pulka vide au plus petit de nos pack raft, le MRS Adventure X2, conçu pour une personne. Nous utilisons une sangle courte afin que la pulka soit au plus près du navire. Cela la rendra plus maniable et limitera sa force de traction sur l’embarcation.

L’un d’entre nous se jette à l’eau et commence à pagayer. Le pack raft file sur la mer et la pulka suit. Elle flotte. Bonne nouvelle !

Nous réitérons l’expérience en alourdissant la pulka et en embarquant 40kg à l’avant du pack raft. L’attelage se fait plus lent mais aussi plus stable.

Sur cette mer lisse tout fonctionne. Qu’en sera-t-il en cas de mer agitée ? En vue du test du lendemain nous expérimentons une formation plus adaptée. Nous saisissons quelques mousquetons et cordes. 6 nœuds de cabestan plus tard et les trois pack raft sont arrimés les uns aux autres. Le plus massif d’entre eux, véritable vaisseau amiral, est au milieu. Il embarquera le poids. De part et d’autre, les deux pakrafts plus légers agiront en ailiers avec une pagaie simple.

Ce n’est pas un catamaran mais cela fonctionne ! Nous sommes stables, mobiles et cette embarcation composite est maniable.

Nous nous rendons vite compte que l’utilisation d’une pagaie simple au lieu d’une pagaie double a un autre avantage. L’eau ne ruisselle plus dans le pack raft et sur nos gants. Nous sommes soulagés : en Laponie, en ambiance froide, ces gouttes auraient rapidement gelé sur nos mains, ce qui aurait engendré de sérieux « désagréments ».

Nuit #2 : corps à corps

Nous sommes encore au coin du feu lorsque nous nous équipons. Il est 23h. Il fait nuit. Le thermomètre affiche 6°C. Le vent souffle à faire plier les arbres et nous entendons au loin les vagues qui s’écrasent sur la plage. C’est sans grande conviction que nous enfilons nos goretex pour ce projet de mise à l’eau frontale.

Nous savons qu’une raclée nous attend. Que l’océan nous repoussera vers la plage. Que nous essaierons tout de même de franchir, coûte que coûte.

Ces conditions sont beaucoup plus difficiles que ce que nous trouverons en Laponie. Si nous devions faire face à une mer agitée le jour J, nous patienterions sagement en attendant un moment plus propice. Mais nous sommes à l’entrainement et l’entrainement se doit d’être difficile.

Entrainement difficile, guerre facile.

Nous sortons au pas de course pour nous donner du courage. 10 minutes plus tard nous sommes face à l’eau. Le vent est tellement fort que nous devons hausser le ton pour communiquer. Ce n’est pas bien grave. Chacun connait les gestes qu’il a à faire, chacun connait sa mission.

 

Le vent rend pourtant les choses difficiles et il nous faudra bien trente minutes pour assembler nos trois pack raft et notre pulka en un seul bloc.

Nous remplissons trois sacs étanches de 40kg de sable mouillé et les chargeons sur la pulka. Le poids de notre matériel est ainsi simulé.

« Prêts ? ». « Prêts ! ».

Nous marchons vers les vagues qui nous fouettent les chevilles. Puis ce sont les genoux, les hanches. Nous tressaillons quand nos nombrils passent sous l’eau. Puis c’est le torse. Nous luttons mais cela ne suffit pas. Le bruit des vagues couvre nos cris. La pulka se retourne sans cesse. Les packrafts se remplissent d’eau et deviennent lourds comme du plomb. C’est catastrophique.

Une gigantesque vague s’abat sur nous. C’est fini.

Océan 1, Engagés 0

L’océan a gagné et nous devons nous replier sur la berge. Tout est trempé mais nous n’avons rien perdu. Nous dégoulinons d’eau salés. Nous voilà frigorifiés et piteux. Que faire ? Se raviser ? Retenter demain ? A la lumière du jour et une fois la tempête passée ?

Le débat est vite tranché en faveur d’une deuxième manche que nous nous apprêtons à jouer immédiatement.

Nos résolutions sont les suivantes :

  1. Nous devons être plus tenaces, plus offensifs et avancer plus rapidement entre les vagues. Il nous faut les dépasser en un temps record et monter sur nos packraft puis pagayer de toutes nos forces.
  2. Il faut éviter à tout prix que nos embarcations se remplissent d’eau car nous serons cloués sur place.

Deuxième tentative, le corps à corps reprend d’abord doucement puis avec acharnement. Nous sommes plus vigoureux et levons l’avant de nos packrafts au niveau de nos têtes pour éviter que ces derniers ne soient submergés par les vagues. Nos gilets de sauvetage nous évitent d’être complètement engloutis.

Nous avançons méthodiquement et de façons coordonnée. L’équipe est soudée et ne fait qu’une face à l’océan.

Vague. « En avant ! ». Vague. « En avant ! ». Vague « En avant ! ». Vague. « Sur les pack rafts ! »

Nous grimpons et pagayons comme des dératés. Nous glissons allègrement sur les vagues et dans les creux. La joie s’empare de nous, l’adrénaline nous grise. Ces sensations sont magnifiques. Nous rions.

Il fait nuit, le vent souffle. La houle nous ballote. L’écume nous fouette le visage et pourtant nous sommes heureux.

Heureux d’avoir osé cette mise à l’eau audacieuse. L’océan nous a remis à notre place une fois. L’eau, le froid et l’effort nous ont sonné, choqué. Et finalement, en nous réorganisant et en groupant nos efforts nous avons réussi, en équipe.

Prochaine expédition à suivre sur instagram : @les.engages

Valentin DROUILLARD

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