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Engagés dans les Vosges : une nouvelle leçon d’humilité

Vous nous avez découvert au retour du Groenland où nous vous parlions de l’importance du matériel en expédition. Vous avez retrouvé l’un d’autre nous, Maxime, de retour d’un stage de premiers secours en montagne à l’IFREMMONT. Notre préparation pour la prochaine expédition au Groenland continu avec une traversée des Vosges.

C’est avec une partie de l’équipe des Engagés, que nous sommes partis ce week-end avec l’objectif de traverser les Vosges. Cet entraînement s’inscrit dans la préparation d’un projet plus large : l’Ascension de l’Aconcagua en janvier 2019 puis la traversée du Groenland Sud – Nord. Nous ? C’est Thomas, Maxime et Valentin.

Comme nous sommes des apprentis aventuriers, il est important de se retrouver pour des micro-aventures sur quelques jours, pour s’aguerrir mentalement et physiquement, au froid, à la marche, au matériel et resserrer les liens des 4 membres de l’équipe Engagés, déjà très soudés.

Nous partons du fond de la vallée, de la ville Moosch à 400 m d’altitude. La première étape consiste à atteindre le Grand Ballon, point culminant des Vosges à 1420 m d’altitude. Nous ne parviendrons finalement pas à clôturer cette traversée, car la nuit qui nous attend au Grand Ballon nous réserve des surprises…

La première partie de l’ascension se fait sans encombre, le moral est au beau fixe, malgré la pluie qui trempe nos sacs, vestes et pantalons, ce qu’on va regretter par la suite.

Arrivés à 1100m d’altitude, la pluie laisse enfin place à la neige, quel bonheur ça nous avait manqué.

19h00

Nous finissons par atteindre le sommet du Grand Ballon vers 19h, après avoir passé une dernière heure à marcher de nuit. La vitesse du vent nous surprend au sommet du Grand Ballon. C’est un grand dôme qui surplombe les Vosges, très exposé au vent, car aucun obstacle ne bloque les rafales. Nous avons l’habitude, car nous y avions déjà bivouaqué l’hiver dernier, mais cette fois-ci c’est vraiment plus violent. Les vents vont à plus de 90 km/h, donc nous décidons de poser la guitoune contre le monument des Diables Bleus qui nous protège du vent, en espérant qu’il ne tourne pas pendant la nuit. Le monument des Diables Bleus, est un massif de granit de 5m par 5m d’une dizaine de mètres de haut, planté au sommet, en l’honneur des troupes alpines qui réussirent à conquérir et tenir les sommets des Vosges pendant la 1ère Guerre, au prix d’un lourd tribut.

21h30

Première frayeur, nous sentons des blocs qui tombent sur la tente, nous croyons au début que ce sont des morceaux de rochers qui se détachent du monument des Diables Bleus, nous nous rendrons compte après, que ce sont finalement des blocs de glace de la taille d’une pomme, qui se décrochent du monument.

22h30

Deuxième frayeur. Le vent forcit et atteint 130km/h, heureusement que nous sommes abrités par le monument. Nous subissons quand même de fortes rafales. Nous prenons notre courage à deux mains pour sortir inspecter et si besoin renforcer les ancrages de la tente. De retour dans la tente, nous sommes tous confiants, la tente est solide, et les ancrages tiennent. Mais si le vent tourne, la tente ne tiendra pas…

01h45

Le vent continue de forcir et s’est mis à tourner. La situation empire sérieusement, car le double toit de notre tente VE 25 se déchire, et les arceaux se tordent, alors que nous sommes encore dans nos sacs de couchage. La force du vent plaque le toit de la tente contre nous. Ça claque, ça siffle, ça souffle. Le vent finit par pénétrer dans la tente, et sème le chaos dans nos affaires. Nous nous redressons, pour tenir les arceaux de la tente tant bien que mal. Nous gardons tous notre calme malgré les secousses et le vacarme assourdissant. Nous analysons la situation. Il ne faut pas rester là, nous devons redescendre, et trouver un abri sûr. Nous mettons rapidement en place un protocole pour sortir sans abîmer ni perdre la tente, malgré les vents violents : 2 tiennent la tente, pendant que l’autre s’habille et fourre toutes ses affaires dans son sac, une fois tous équipé, un 1er sort avec son sac et tient la tente pour le second, et le second fait pareil pour le denier sorti. La tente manque de peu de s’envoler à plusieurs reprises, et de se retourner avec nous à l’intérieur. Nous devons tous sortir sans se faire emporter. Un par un, nous arrivons à nous extirper de la tente en rampant. Dehors c’est le chaos. Nous replions la tente tant bien que mal, car le froid et le vent nous gèlent les mains.

03h00

Les vents sont beaucoup trop violents et soufflent à 140km/h. Nous sommes bloqués, il est trop dangereux d’essayer de descendre en pleine nuit, au risque d’être emportés. Nous décidons de faire un bivouac de fortune contre le monument. Il y a un petit renfoncement de 2 petites marches, parfait pour nous abriter. Nous posons nos matelas Therm-a-rest sur une marche pour nous asseoir dessus, et contre le mur pour nous adosser. Il faut s’isoler de toutes les sources de froid. Nous enfilons chacun nos sacs de couchage avec nos chaussures, nous ne sentons plus nos doigts. Heureusement que Thomas avait pris sa veste Valandré Troll, et qu’il a ainsi pu prêter des couches à Maxime et Valentin, sinon le froid aurait été encore plus menaçant, ce qui aurait pu nous pousser à prendre de mauvaises décisions. Nous sommes pour le moment à l’abri et donc bien couverts, mais comme nous sommes détrempés, nous savons que le froid va vite nous rattraper. Nous espérons naïvement que le vent tombera à l’aube. Dans tous les cas, il faudra être capable de saisir la moindre fenêtre d’accalmie pour redescendre au plus vite. Le bruit du vent nous empêche de dormir, car nous avons l’impression d’être à côté d’un réacteur d’avion. Sa violence est assourdissante. A chaque fois que nous essayons de changer de position, nos sacs de couchage prennent le vent, et nous risquons de glisser. Parfois, nous tentons de jeter un coup à travers l’étroit trou d’air de notre sac de couchage. Nous contemplons impuissants, au loin, les lumières des villes de la vallée d’Alsace, aussitôt recouvertes par de sombres nuages, qui nous replongent aussitôt dans la nuit glaciale, et dans la réalité de notre situation.

07h30

Le vent souffle encore à 90km/h. Nous pensons que c’est jouable de tenter la descente. Nous n’avons pas le choix, nous sommes trempés et frigorifiés, il faut redescendre au plus vite, à l’abri de la tempête. Nous sortons de nos sacs de couchage que nous enfournons dans nos sacs. Chacun tient fermement la anse du sac à dos de l’autre, et nous nous lançons à petits pas, fléchis sur nos appuis. Le vent nous déséquilibre et nous fouette le visage, mais nous sommes un bloc solide de 3 co-équipiers, concentré et bien décidé à descendre, après cette nuit tourmentée.

09h00

Après 1h30 de marche donc 30 minutes dans la tempête, nous arrivons enfin en lieu sûr à la lisière de la forêt, et à l’abri du vent, exténué, mais heureux. Nous décidons de retourner à la voiture, la traversée complète des Vosges sera pour une autre fois.

11h00

Nous arrivons à la voiture, et nous déballons tout le matériel, la tente et nos affaires sur le sol, pour analyser les dégâts. Finalement à part la tente VE 25 déchirée, et nos sacs de couchages détrempés, rien de grave à signaler. Nous rangeons tout le bazar dans la voiture, le chauffage à fond, nous nous arrêtons à la première boulangerie pour prendre un bon petit café et un pain au chocolat bien mérité.

Ce que nous avons retenu de ce week-end, c’est une fois de plus savoir être humble face à la nature et la montagne, même à basse altitude comme dans les Vosges. Et qu’en cas de situation extrême d’urgence, il n’y a qu’en équipe qu’on peut s’en sortir.

Retrouvez tous les jalons de notre préparation ci-dessous !

 

Et si l’aventure vous dit malgré tout, voici le topo des crêtes des Vosges par le Grand ballon en hiver et à raquettes ! 😉

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