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Comment s’alimenter par – 30 ° C ? Partie 1.

En Mai 2018, vous partez à 5 entrepreneurs traverser le Groenland d’Ouest en Est en autonomie totale, pour ceux qui n’auraient pas lu les précédents articles, pouvez vous nous refaire une rapide présentation ?

La genèse

À l’origine du projet Engagés, un simple pari entre deux amis, un défi lancé en l’air lors d’une randonnée dans le Morvan. L’idée a fait son chemin et la perspective de nous mesurer au Grand Nord et à nous-mêmes était plus que tentante. Un an plus tard, nous voilà propulsés à Kangerlussuak, prêts à traverser le Groenland d’Ouest en Est, en autonomie totale. Voilà comment une idée à priori folle peut se transformer en un réel projet et une aventure incroyable lorsqu’elle est prise au sérieux. Alors, osez !

L’équipe

À cette époque, nous n’étions que deux apprentis aventuriers et devions encore recruter des coéquipiers pour monter l’équipe Engagés ! Nous avons donc lancé un appel aux volontaires sur les réseaux sociaux et via notre page Facebook. Nous avons été surpris de recevoir une vingtaine de candidatures. Nous avons sélectionné les personnes dont nous nous sentions le plus proche et qui partageaient nos valeurs : engagement et humilité. Nous avons ensuite réalisé à cinq plusieurs expéditions de préparation qui nous ont permis de nous découvrir davantage et de nous mettre au diapason avant le grand départ.

L’équipement

La première difficulté de la préparation a été de réunir l’équipement polaire. Nous ne connaissions rien du milieu et avons vite découvert l’importance d’un matériel de haute technicité pour pouvoir faire face aux conditions extrêmes qui nous attendaient. Au prix de très nombreux aller-retours chez Au vieux campeur, nous avons finalement réuni notre attirail grand froid.

Entraînement difficile, guerre facile !

Bien sûr, nous ne pouvions pas faire l’impasse sur un entraînement intensif. Nous savions que le défi serait d’abord physique, mais aussi et surtout mental. Nous devions donc nous préparer à tenir, à endurer, à affronter un froid extrême et constant, la solitude de longues heures de marche en silence, et la perte de nos repères face à l’infini blanc.

Le carburant

Et pour finir, il a fallu s’attaquer au nerf de la guerre : la conception et la préparation des ration alimentaires quotidiennes.

Pour une telle expédition, avec des conditions météorologiques et physiques extrêmes, de nombreux paramètres (apport calorique, micro/macro nutriments, poids, etc) sont à prendre en compte pour construire son alimentation de façon optimale, comment avez-vous élaboré vos rations pour 30 jours en autonomie totale ?

L’élaboration des rations alimentaires pour ce type d’aventure extrême est très technique, il faut bien comprendre le contexte : 550km à parcourir à pied sur la calotte glacière, un milieu hostile et aléatoire et des températures comprises entre -10°C et -30°C en réel, ce à quoi il faut encore soustraire l’effet du vent. Nous n’avions pas d’autre choix que de partir en autonomie totale car il n’y a pas âme qui vive dans ce désert de glace, et donc pas de point de ravitaillement. Pour répondre à ces contraintes environnementales, notre paquetage pesait 90 kg que nous traînions sur deux pulkas.

Traverser le Groenland, c’est gérer un stock d’énergie intelligemment pour ne pas finir en glaçon

En expédition polaire, la déperdition énergétique est double. L’organisme utilise l’énergie apportée par l’alimentation pour se maintenir à une température optimale, et ainsi garantir le maintien des fonctions vitales, et pour répondre à l’effort physique : avancer et tracter les pulkas. Concevoir la ration parfaite, c’est donc trouver le rapport le plus équilibré possible entre valeur alimentaire, poids et vitesse. Pendant notre aventure, j’ai pu juger de la pression de l’environnement polaire et de l’impact du froid sur l’organisme en décidant d’augmenter ma vitesse de progression à 3 km/h. Ce détail, qui dans des conditions normales, peut paraître anodin a eu de lourdes conséquences sur ma journée : augmentation du rythme cardiaque, transpiration et un flux d’énergie sortant qui ne peut plus être comblé par l’apport alimentaire journalier prévu. D’où l’importance de bien définir les paramètres déperdition énergétique et alimentation pendant la phase de préparation de de s’y tenir. Après de nombreuses lectures spécialisées et sur les conseils avisés de notre guide, nous avons déterminé un rapport optimal de 5000 kcal pour 1 kg pour nos rations journalières. Il était également important pour nous d’avoir des rations variées, gourmandes, pratiques et bien protégées.

Chaque ration comprenait l’alimentation pour un binôme pour une journée et se décomposait de la façon suivante :

Nous les avions confectionnées en un ensemble compact et rectangulaire. Cela nous permettait de pouvoir les ranger facilement dans nos pulkas et d’en lester le fond pour les équilibrer. Les rations, au même titre que l’essence, nous servaient également d’étalon de poids. Ce sont les éléments que nous pouvions facilement répartir entre les pulkas en cas de nécessité. Lorsque l’un des coéquipiers était en baisse de régime, comme par exemple à la suite de l’épisode des 3 km/h, un certain nombre de rations étaient dispatchées dans les autres pulkas afin de le soulager.

90 kg, c’est le poids d’une pulka au départ de l’expédition. Chaque gramme doit être tiré sur 550km. Dans ces conditions, chaque élément est soupesé et la ration n’échappe pas à la règle. Un seul mot d’ordre : beaucoup d’énergie et peu de poids !

5 équipiers, 5 profils physiques différents, et donc des besoins énergétiques différents, comment avez-vous pris en compte ce facteur dans l’organisation de vos rations ?

Nous ne l’avons pas pris en compte et c’était une erreur. Le plus léger d’entre nous pesait 70kg et le plus imposant 90kg. Entre le chat maigre et le viking, il y avait un monde. Et pourtant, nous avions prévu des rations identiques. Le viking s’est retrouvé littéralement tiraillé par la faim dès la moitié de l’’expédition. Il avait beaucoup de mal à se rationner et engloutissait tout ce qui lui passait par la main. Au bout de 3h de marche, son stock de vivres de courses était vide et son estomac se rappelait à son bon souvenir. Cet état de stress alimentaire l’a même conduit à abuser du stock collectif beurre, en toute discrétion bien sûr ! L’expédition a donc fait face à une pénurie de ce précieux beurre une semaine avant la date d’arrivée, ce qui a pénalisé tout le monde. Le manque de nourriture est une véritable souffrance au Groenland. Les longues heures de marche dans un froid absolu et dans un paysage monotone plonge l’esprit dans une sorte d’errance où il se fixe sur la moindre sensation du corps. À l’inverse, notre chat maigre stockait de la nourriture au fil de l’expédition, il était en situation d’excédent. Vous me direz que tout cela n’est pas optimal. Vous avez raison !

Avez-vous eu l’occasion de tester vos rations avant le grand départ ? Si oui, avez-vous effectué des ajustements par rapport à votre plan initial ?

Il est difficile de tester toute la ration car elle convient uniquement au milieu polaire et elle doit faire ses preuves dans la durée. Ce sont deux conditions que nous ne pouvions pas réunir. Néanmoins, nous avons testé certains éléments. Les nouilles chinoises, de façon à déterminer s’il fallait prendre deux paquets ou trois paquets. Nous avons décidé d’en prendre trois paquets. Nous avons également testé les plats lyophilisés MX3, nous voulions nous assurer de bien choisir les recettes qui réjouiraient nos palais après une journée d’effort polaire, et tester les temps de cuisson.

Nous avons aussi cherché à nous accoutumer aux Gerblés et à leur goût car ils allaient constituer la base de notre alimentation au Groenland. Puis, à titre personnel, je me suis également entraîné à boire de l’huile d’olive et à manger du beurre pour habituer mon corps à digérer ces matières lourdes. J‘ai pris avec moi 3 litres d’huile d’olive en plus des rations. Je les distribuais sous forme de glaçons aux trois tentes après les longues journées de marche. J’ai épuisé les trois litres en 15 jours.

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