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Ascension de l’Aconcagua (6962m) par les Engagés – Partie 1

Pour beaucoup de monde comme pour nous, le plus dur c’est de faire le premier pas et de se lancer, pour de bon. Nous ne sommes pas des sportifs de haut niveau, des anciens des forces spéciales ou des super-héros, bref nous ne sommes pas les prochains Mike Horn. Nous n’avons même pas couru de marathons. Mais nous avons des rêves, pleins de rêves, probablement les mêmes que vous. Depuis le Groenland, nous nous sommes rendu compte que nos rêves sont accessibles quand on s’engage. Le plus dur c’est de faire le premier pas. Nous continuons de réaliser nos rêves, ou au moins essayer, pour n’avoir aucun regret. Nous sommes des personnes normales, on habite à Paris et on a un travail à plein temps. Nous n’avons pas d’avantages techniques ou physiques. Et alors ? Nous nous donnons les moyens en s’engageant dans l’aventure, pour tenter de vivre nos rêves.

Le 24 Janvier, nous avons décollé direction l’Argentine, pour faire l’ascension de l’Aconcagua (6962m), sans guide et en autonomie, 2 membres de l’équipe Engagés, Thomas et moi.

Pourquoi l’Aconcagua ?

Le 2 juin 2018, 2 jours après que nous ayons fini notre traversée de 31 jours dans les milieux polaires, alors que nous nous apprêtons à quitter la côte Est du Groenland avec nos barbes mal rasées et nos gueules encore brûlées par le froid. Assis dans l’aéroport de Tasiilaq, on pouvait voir des peaux d’ours blancs attachées sur les murs. Un aéroport si petit que c’est la même personne qui fait ton check-in des bagages, te fait passer la douane et te vend des cartes postales souvenirs. Nous nous regardions, réalisant à peine ce que nous venions de faire, le bruit et les couleurs vives nous agressant un peu après cette diète des sens. Mais on se posait tous cette question, “et après ? “ Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? On avait des envies de milieux polaires et de hauts sommets. Je ne sais plus trop pourquoi mais parmi nos milles idées, notre choix s’est porté vers l’Aconcagua. Peut-être parce que notre guide Bernard Muller avec déjà plusieurs 8000 m à son actif, avait gravi 12 fois l’Aconcagua, le 2ème sommet le plus haut des Seven Summit, et le plus haut des Amériques. Mais du coup, on pourrait se demander pourquoi vouloir faire les Seven Summit ? Honnêtement, nous ne sommes pas encore sûrs, mais quand on en a discuté ensemble, c’était clair dans nos yeux : on voulait y aller. C’est aussi le challenge d’une vie qu’on n’est pas sûr de réussir. Ça, c’est l’une des meilleures raisons pour le faire !

La préparation

La préparation était plus ou moins délicate, car d’un côté nous étions bien conseillés par ceux qui l’avaient fait plusieurs fois, mais de l’autre, c’était la première fois avec Thomas qu’on allait à une telle altitude (mon maximum c’était 4248m et Thomas 6065m), qui plus est sans guide. On ne pouvait compter que sur nous-même, du coup, il fallait tout maîtriser : le matériel, la santé, la sécurité, les communications, la nourriture, la logistique, l’acclimatation, etc. L’autre inconvénient à maîtriser, c’est qu’on ne pouvait pas se permettre de ne partir que 2 semaines environ, du coup on a passé au total 17 jours sur place, ce qui est court pour un tel sommet.

On s’est prit en main, j’ai fais une formation de 2 jours à l’hôpital de Chamonix avec l’Ifremmont sur le secours en montagne, et 4 jours avant le départ, on a passé une nuit à l’abri Simon à 3750m à Chamonix, pour que nos corps entament le process d’acclimatation.

Nous nous sommes adressés à Bernard Muller pour nous conseiller sur le matériel, la nourriture, la logistique, la stratégie d’ascension, les entrainements, etc.

Le départ et les surprises de la logistique

Le 24 Janvier nous décollons de Paris pour Mendoza en Argentine. Ici, il nous faudra acheter du gaz, acheter une partie de la nourriture, et payer les permis pour entrer dans le parc national où se trouve l’Aconcagua. Nous n’avions pas pensé à avoir du liquide sur nous, et comme l’Argentine est en crise et qu’on ne peut retirer qu’une certaine somme par jour au distributeur, cette erreur débile a failli foutre en l’air toute l’expédition ! Heureusement pour nous ça s’est bien terminé, mais ça nous aura servi de leçon : la prochaine, on aura du cash sur nous ! Une fois tout acheté, il faut qu’on puisse tout se répartir et faire nos rations.

Le lendemain matin, le 26 janvier, nous prenons le bus pour nous rendre à Puente de Incas, à 4h de Mendoza, situé à 2000 m d’altitude environ. C’est une station de ski quasiment abandonnée d’où nous devons charger les mules, qui vont porter une partie de nos affaires jusqu’au camp de base pendant 2 jours. Nous avions réservé une mule de 60kg, mais le poids que nous devons chargé fait 84kg, bien que nous avons déjà chacun un sac de 23kg sur le dos… on se rendra compte plus tard qu’on a pris beaucoup trop de nourriture et de gaz. Notre pénurie de nourriture au Groenland nous a sûrement profondément marqué 😉 Du coup on doit payer une demie-mule supplémentaire, mais bien sûr on n’a pas de cash… heureusement, le lendemain matin une personne de l’agence de mule vient de Mendoza avec une machine à carte pour qu’on puisse régler le solde. Bref, on passe pour des branquignoles, décidément, on prendra vraiment beaucoup de cash la prochaine fois ! Comme quoi, toute la petite logistique à laquelle on ne pense pas, et qu’on ne voit pas est super importante.

Du début de l’ascension au camp de base

Le mercredi 25 janvier, nous prenons un van qui nous amène à l’entrée du parc national, où le trek commence enfin. Nous sommes à 2950m, on ressent l’effet de l’altitude, surtout avec 23kg sur le dos. Nous devons atteindre le premier camp Confluencia à 3500m à 4h de marche où nous passerons la nuit. Il fait super beau, on marche dans le creux de la vallée, il fait chaud et on voit l’Aconcagua qui se dévoile face à nous, il est majestueux. Un petite boule au ventre commence à arriver quand je vois le monstre enneigé, et que je me dis que c’est là qu’on doit aller, qu’on est que 2, sans guide, et qu’on n’est jamais allé aussi haut de notre vie. Bref, je me rends compte que c’est vraiment réel, qu’on est en train de le faire ! On réalise le rêve qu’on s’était donné entre deux discussions de tente au Groenland, il y a 6 mois de ça…

Nous passons une mauvaise nuit à Confluencia, due en partie à l’altitude et au sol qui n’est pas plat. Nous devons pourtant nous rendre au camp de base Plaza de Mulas, à 4400m d’altitude. Du coup on est un peu fatigués, alors qu’on s’apprête à faire la journée apparemment la plus dure avec celle du sommet… on se rendra compte que c’est de loin l’une de plus facile en fait. Il y a 10h de marche pour rejoindre le camp de base, c’est la journée la plus longue avec celle du sommet, on porte des sacs lourds de 23kg chacun, et la différence d’altitude est importante, sachant que nous ne sommes pas encore bien acclimatés. On décide de partir tôt à 7h30, et d’y aller doucement, pour prendre le temps de s’acclimater. La journée se passe bien, sur les dernières heures, on commence à sérieusement sentir les effets de l’altitude. Arrivés à 4249m, on fait une petite célébration ; je ne suis jamais allé aussi haut. Maintenant, chaque pas est une découverte pour moi. La dernière partie est plus raide, on sent qu’on s’essouffle, on commence à comprendre les effets de l’altitude. On arrive au camp de base bien heureux, on pose le camp dans un endroit un peu reculé. On a décidé d’avoir la tente The North Face VE25 qui restera toujours installée au camp de base, et de monter la tente Hilberg Nammaj GT 3 au camp supérieur, car plus légère. On retrouve tout de suite nos repères du Groenland dans le guitoune, le froid en moins. On est trop bien, en plus demain c’est journée de repos, obligatoire pour s’acclimater.

Premier portage, c’est pour de vrai

Pendant la journée de repos, il faut savoir qu’on est aux aguets de la météo, et on mesure aussi régulièrement notre rythme cardiaque et notre saturation en O2 dans le sang, grâce à un oxymètre. Idéalement, il faut être au dessus de 85%. On était plutôt autour de 80%, trop faible pour espérer remonter, espérons que ça ira mieux demain. On va également se caler près d’un petit lac que Thomas avait repéré, pour visualiser le parcours de demain.

Nous avons pour objectif d’aller directement au camp 2 Nido de Condores à 5600m, sans passer par le camp 1 Canada à 5050m. Parce que nous avons peu de jours, et il faut envoyer un signal fort à notre corps, pour qu’il comprenne qu’il doit s’acclimater. En effet il y a 2 méthodes pour grimper en altitude. La première, dite de l’escargot, consiste à monter petit à petit de camp à camp, sans redescendre au camp de base, du coup c’est une ascension progressive. L’inconvénient c’est que cette méthode est plus lente, car le corps s’acclimate moins vite. L’autre méthode, que nous avions choisi, dite en dents de scie, consiste à monter haut d’un coup, et redescendre bas se reposer.

Nous avions eu énormément d’appréhension la veille… 5600m !!! Soit 1200m de dénivelé en sachant que pour l’acclimatation, il est recommandé de faire 400m entre 2 nuits. Je sais qu’on ne va pas dormir là haut dans un premier temps, mais quand même. Encore une fois, je ne suis jamais allé aussi haut, je ne sais pas comment mon corps va réagir, on va largement dépasser l’altitude du Mont Blanc (4810m), où beaucoup de gens y sont malades, bref toutes ces pensées me traversent l’esprit. L’objectif serait d’arriver jusqu’au camp Nido de Condores (5600m) et de réussir à installer la tente, ça se serait vraiment super ! Au pire, on monte jusqu’au camp Canada et y laisse la tente sans l’installer. On se réveille très tôt, le camp de base dort encore, il fait frais, tout est silencieux. J’ai de l’appréhension et je sais que Thomas aussi, mais on se prépare, et on reste concentrés sur l’instant présent, sans se projeter, et on avance. On a prévu de faire 8h à 10h de marche. On quitte le camp de base à 7h, c’est bon l’ascension commence pour de bon…

Après 3 heures de marche on arrive déjà à 5050m d’altitude au camp Canada. On se rend compte qu’il n’y a ni eau, ni neige, et qu’on a bien fait d’avoir la stratégie de tirer jusqu’au camp suivant Nido de Condores (5600m). D’autres groupes qu’on croisera plus tard regretteront de s’être arrêtés au camp Canada.

A partir de 5200m, les effets de l’altitude s’accumulent : essoufflement, mal de tête, mal au ventre, fatigue… Thomas se sent tout joyeux, comme légèrement ivre et commence à prendre un accent belge. Il en rigole, mais je sais de ma formation Ifremmont que c’est un symptôme avant coureur d’un oedème cérébral. Donc je fais attention, nous sommes chacun à l’écoute de notre corps, pour anticiper le moindre soucis. On vérifie tout le temps notre rythme cardiaque. On ressent profondément chaque sensation, c’est assez extraordinaire. Il n’y a rien qui compte à part nous et nos corps…Comparé au Groenland, on se rend compte qu’on est systématiquement à l’affût de notre corps, on mesure notre rythme cardiaque et notre saturation en O2, pour savoir si on est dans le rouge ou pas. En altitude plus qu’en milieu polaire, c’est très important de comprendre son corps.

En plus du mal d’altitude qui commence à se faire ressentir, on se rend compte qu’on a pris un mauvais chemin, et au lieu de progresser sur le chemin en lacets, on fait les derniers 300m de dénivelé en frontal… dans la neige… sans crampons. Thomas marche bien devant, moi je suis exténué, c’est un moment très dur, je pense à mes proches, et je me dis que l’ascension sera en fait beaucoup plus dure que ce qu’on pensait. L’altitude c’est éreintant, à 5600m il y a seulement 45% d’oxygène par rapport au niveau de la mer, donc 2 fois moins, et au sommet ce sera 3 fois moins !

Après 5h de marche seulement depuis le camp de base, on arrive au camp de Nido de Condores. L’ambiance est différente. Les tentes sont éloignées, c’est calme, il fait froid et on ressent l’altitude, le moindre pas rapide est essoufflant. C’est un peu hostile, on sent que ce n’est pas un milieu où l’homme est censé être. Notre objectif c’était d’atteindre Nido et d’y monter la tente. On a réussi la première partie qu’on ne pensait pas possible. On ne réfléchit pas et on commence à installer notre tente Hillberg. On la monte, à deux, on l’attache bien, ça nous prend 1h. Tout est plus lent, les petits gestes anodins sont essoufflants, la moindre action prend un temps fou. On y dépose les affaires de notre premier portage (nourriture, vêtements chauds pour le sommet, crampons, etc), puis on s’empresse de descendre, car les maux de têtes de l’altitude s’empirent.

En une heure on est de retour au camp de base, on a l’impression que c’est le Club Med, on se sent bien, on respire, alors que la veille, on était encore dans le dur au camp de base. Comme quoi l’acclimatation fonctionne. En plus, on a rempli notre objectif d’atteindre Nido de Condores et d’y monter la tente. On est vraiment trop content. Une fois dans la tente, le contre-coup de fatigue nous frappe de plein fouet, Thomas fait même une chute de tension. On checke toute de suite notre rythme cardiaque, qui est très élevé, et notre saturation d’O2 dans le sang qui est faible. Bref pas top, mais normal après cette journée. On espère seulement qu’on va s’en remettre car demain, on doit retourner là haut faire notre 2e portage, et surtout y passer la nuit. On se regarde et on se dit qu’on ferait surement mieux de se reposer… on décide d’abord de dormir et on verra demain comment on se sent.

Deuxième portage, s’approprier la montagne

Le lendemain matin, on se sent étonnement bien. Encore une fois on se dit que le corps est une machine incroyable, la capacité de récupération pendant la nuit est inexplicable. On charge nos sacs, et on repart pour Nido de Condores, mais plus tranquille cette fois. Arriver à 5050m à Canada on se sent bien, arriver à 5200m, où les premiers problèmes sont arrivés la veille, on se sent particulièrement bien également. On continue d’avancer, à gagner de l’altitude toujours à l’affût de notre corps, on checke régulièrement notre rythme cardiaque, et on continue de se sentir bien. Après 6h30 de marche on arrive à notre tente déjà installée, le kiff. On se sent bien, on se dit que c’est royal, et on a un gros soulagement, le sourire nous gagne ! On prépare le dîner, repas lyophilisé MX3, et on se couche, demain on doit redescendre au camp de base, et le jour suivant c’est repos. Les deux journées où on avait le plus d’appréhension sont passées, quel soulagement ! Mais pas si vite… impossible de dormir, dès qu’on s’assoupit, on a l’impression qu’on va s’étouffer et on se réveille en sursaut en prenant une grande inspiration comme si on sortait la tête de l’eau. Tant pis, je me fais une raison, et je me dis qu’on se reposera demain. 

Le lendemain je me réveille tôt, je vais chercher de l’eau, et je prépare le petit-déjeuner. Thomas est vraiment crevé, il a besoin de dormir encore un peu plus le matin.

Après quelques heures de repos en plus, on se dit que ce serait bien de tirer encore un peu, et de marcher un peu plus haut, pour encore une fois donner un signal fort à notre corps, et encore accentuer l’acclimatation. On se lance en mode léger avec juste une gourde chacun et quelques barres de céréales. Dès la sortie du camp, la marche est extrêmement lente, un pied après l’autre, tout doucement. Après à peine 20 minutes de marche, j’ai déjà mal à la tête… je décide de continuer, le camp n’est pas loin, et je sais que le mal de crâne part avec la redescente. Après 2h de marche, on arrive à 5800m. Là, j’ai vraiment très mal au crâne, donc on décide de redescendre avant que ça s’empire. Les pas sont vraiment beaucoup plus lents à cette altitude, c’est impressionnant, et petit à petit on arrive à s’imprégner du rythme à adapter à chaque altitude. On est de retour au camp de Nido à 5600m et j’ai encore mal à la tête, du coup on continue et on descend au camp de base comme prévu. Arrivé au camp de base, le mal de tête est toujours là, il faut surement un peu de temps avant qu’il disparaisse, du coup on boit beaucoup d’eau (6L par jour), on mange, on prend un doliprane (c’est le seul médicament qu’on prendra du séjour), et on se couche tôt, le lendemain c’est grasse mat’ et repos !! On est fiers de ce qu’on a fait, on a, à chaque fois, réussi à remplir nos objectifs, et on a même tiré à 5800m, soit plus que prévu.

Troisième portage, cette fois, c’est pour de bon !

Quel plaisir de faire un jour de repos au camp de base. Encore une fois, on checke la météo régulièrement, et on est constamment en train de contrôler notre saturation en O2 dans le sang et notre rythme cardiaque. Alors qu’au début de l’ascension, le camp de base nous paraissait hostile car déjà situé à 4400m, maintenant on s’y sent super bien. Comme quoi nos corps finissent par s’acclimater, c’est rassurant. Le soir arrive, et demain on retourne à notre camp de Nido de Condores à 5600m. Cette fois on y va pour tenter le sommet les jours suivants en fonction de la météo, sans repasser par le camp de base. Là, on se met à ressentir une nouvelle dose d’appréhension. Cette fois c’est pour de bon !

On monte sans encombres jusqu’à Nido de Condores, c’est la 3e fois qu’on fait le chemin, du coup on commence à connaître ! On en profite pour monter le reste du matériel nécessaire pour l’ascension finale (nourriture, gaz, etc). Une fois arrivés à Nido, on s’installe dans notre guitoune, et on essaie de faire fonctionner l’antenne satellite pour vérifier la météo, mais sans succès. Heureusement qu’on a prévu un téléphone satellite de rechange, avec lequel on appelle Quentin, en France, qui nous donne les prévisions au sommet du lendemain et des jours suivants. Verdict : 50 noeuds de vent demain au sommet, donc impossible de le tenter. Mais il y une fenêtre météo les deux jours suivants. Il faudra les saisir, car ensuite, la météo annonce une tempête sur plusieurs jours. La nuit à 5600m est meilleure que la précédente, mais toujours pas idéale, on se réveille tout de même un peu usés.

Dernière acclimatation, la pression monte

Aujourd’hui on s’est dit qu’on allait monter jusqu’à 6000m, pour faire du bien au mental, car la dernière fois à 5800m j’avais mal à la tête, et le sommet est encore à plus de 1000m (6962m). C’est bien aussi de faire cet effort pour favoriser davantage l’acclimatation, et pour se familiariser avec le début de l’itinéraire, qu’on fera de nuit, le jour du sommet. En effet, après de longues discussions, on s’est dit qu’on tenterait le sommet depuis Nido de Condores, sans dormir au camp 3, Plaza Colera à 5970m. Ça nous rajoute 2 heures de marche, mais à 5600m on se dit qu’on dormira mieux, et qu’on mangera mieux la veille. Avec l’altitude, on a tendance à perdre beaucoup l’appétit, particulièrement Thomas (personnellement, j’avais toujours trop faim, ça ne doit pas trop étonné ma famille ^^). Ça paraît contre intuitif parce qu’on se dépense beaucoup, donc on est censés avoir faim, comme au Groenland. Mais en fait, ton corps est mal, il est très sollicité dans un milieu hostile, du coup on a l’impression qu’il se met dans une sorte de cycle d’hibernation pour se préserver en faisant le moins d’effort possible.

Cette décision de tenter le sommet à partir du camp 2, Nido de Condores à 5600m, au lieu de partir du camp 3, Plaza Colera à 5970m, a été un vrai dilemne. Pour l’instant, il semble qu’on ait réussi à prendre les bons choix. Et on se rend compte qu’il y a une dose importante de stratégie pour les expéditions en altitude, comparé aux expéditions polaires. Partir du camp 2 ajoute de la marche, sur une journée déjà bien longue, mais on est plus bas donc on dormira mieux et on mangera mieux la veille. Partir du camp 3 nous rapproche du sommet, mais on ne sait pas du tout comment on va se sentir… ça se trouve on ne va pas dormir de la nuit, et on n’aura pas d’appétit. On se dit qu’on a la caisse, et avec le Groenland et nos entraînements aux marches forcées, on a l’habitude de marcher pendant des longues heures, du coup on décide de partir du camp 2.

Une fois la décision prise, on se lance pour notre dernière acclimatation, et après 2 heures de marche on arrive facilement à dépasser le seuil des 6000m, sans mal de crâne, rien. Notre coeur ne bat pas trop vite, on est contents, les indicateurs sont au vert. On redescend à Nido, et on se dit qu’on va tenter le sommet demain. On se couche tôt, car demain lever à 2h du matin, mais difficile de s’endormir à 18h. L’appréhension est toujours là, demain c’est le grand jour, une journée de 15h nous attend…

A suivre…

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